Morts de jean d’O et de Johnny quasiment le même jour.

"Death of Jean d'Ormessaon & Johnny Halliday in Paris Match, a rock singer and a académicien"

Les 5 et 6 décembre 2017 mourraient Jean d’Ormesson et Johnny Hallyday. Deux fortes personnalités françaises, sans doute peu connues en dehors de l’exagone et pourtant si célèbres, ici.

Le premier, mort à 92 ans, était écrivain, chroniqueur et journaliste, philosophe. Jean d’O, son petit nom, a parcouru le XXème siècle avec beaucoup d’élégance et aussi de ferveur et d’enthousiasme. Il était passionné par la politique et avait un regard très vif et acéré sur le monde et les hommes politiques. Il a écrit une quarantaine de livres allant du roman aux réfléxions sur la vie, la mort et l’existence de Dieu. Il était érudit et était devenu l’invité idéal des plateaux de télévision tant il s’exprimait avec élégance et conviction. 

S’il était capable de regarder le passé sans complaisance, il n’en était pas pour autant pessimiste, il croyait en l’avenir et se désolait d’entendre les français se morfondre ces 40 dernières années. Il espérait qu’un jour les français auraient à nouveau le goût du bonheur… 

Grâce à sa présence médiatique régulière, Jean d’O était connu et reconnu d’une majorité des français. Beaucoup de ses livres furent des succès publiques. S’il voyageait beaucoup et adorait Rome, il se sentait tout de même très français et ne s’en cachait pas : tout le monde était d’ailleurs d’accord avec cela : il était très français ! 

Le 18 octobre 1973, il fut élu académicien. Il fut donc membre de l’Académie française pendant 44 ans. Il était donc logique et légitime que la France rende un hommage national à Jean d’Ormesson. Et bien évidemment, Emmanuel Macron, lui-même, est intervenu au cours de cet hommage.

Le second, mort à 74 ans, était chanteur et acteur. C’était un chanteur extrêmement populaire (il a vendu 100 millions d’albums…) qui, dans les années 60-70, lors de son début de carrière, a apporté en France le rock, la banane d’abord, puis le perfecto et la Harley Davidson. Il est le symbole de ces années-là : il a donné l’envie à des millions de français de se libérer, de danser jusqu’à plus d’heures, d’aimer, d’hurler, de prendre la moto et partir sur les routes… C’est une époque où l’expression boulot-métro-dodo apparaît, où les banlieues-dortoirs poussent comme des champignons, où la vie peut devenir très vite monotone… Johnny casse cette monotonie et dit à son public, à ses fans que d’autres horizons sont possibles, qu’il existe d’autres territoires ailleurs plus grands, plus hauts… L’espoir est là : celui de dépasser sa vie laborieuse et si cela ne se fait pas concrètement, cela le devient en écoutant Johnny, en allant à ses concerts et en le suivant sur ses tournées. Il déplaçaient les foules ; sa mort a fait se déplacer des milliers de personnes sur les Champs Elysées le 9 décembre 2017, le jour de l’hommage populaire qui lui était rendu. Le président Emmanuel Macron, en personne, est intervenu pour saluer sa mémoire.

Quel est le point commun entre ces deux personnalités ? Difficile de répondre… 

Dans sa chronique dans l’hebdomadaire LaCroix.com, le journaliste Bruno Frappat décrit Jean d’O et Johnny comme étant deux voix de la France. Lorsque l’on voit combien la mort de ces deux personnalités a touché les français, on peut dire effectivement qu’ils étaient à leur manière 2 voix de la France.

Le premier représentait cette culture française dans ce qu’elle a de plus courtois, de plus élégant – et de plus énervant aussi… un peu donneuse de leçons… -, dans cette envie de débattre sur tout sans jamais avoir à se battre pour rien.

Le second représentait cette culture française dans ce qu’elle a de plus brut, de plus émotionel, dans cette façon de crier son amour, sa douleur, sa colère ou tout autres sentiments enfouis qui ont besoin d’être exprimés, et ce, même si ces derniers ne débouchent sur rien, sur aucun réel changement… On crie parce que cela fait du bien, cela soulage, mais hélas, cela ne suffit pas toujours pour dépasser les situations difficiles, douloureuses…

Le premier utilisait la langue française de la façon la plus exacte possible pour s’assurer que tous les esprits qui le lisent ou l’écoutent comprennent exactement ce qu’il voulait dire et le second utilisait cette même langue le plus simplement possible pour toucher tous les coeurs. Et les deux étaient, indéniablement et à leur manière, français…

Les hommmages qui leur ont été rendus ne s’y sont pas trompés : un hommage solennel et sobre pour le premier, un hommage populaire et plein de ferveur pour le second…

"French and presidential homage to Jean d'Ormesson, a French writer and Académicien"
Obsèques nationales
"French and national homage to Johnny Halliday"
Hommage populaire

Retrouvez une chanson de Johnny et une interview de Jean d’O sur ce site :

Retrouvez la bibliographie de Jean d’Ormesson et la discographie de Johnny Halliday sur la Fnac.com