A French contemporary musician, conductor and teacher – Pierre Boulez

"Pierre Boulez, a French conductor ; French contemporary musician"
"Pierre Boulez, a French conductor, French contemporary musician"

Le 5 janvier dernier, Pierre Boulez est mort. Evidemment, tous ceux qui aiment la musique ont déjà entendu parler de Pierre Boulez. Depuis toute petite, j’entends parler de lui et depuis toute petite, je sais que c’est quelqu’un de particulier, tant il déchaîne les passions : on se doit d’être pour ou contre ! On doit le trouver grandiose ou bien destructeur (de la musique dite classique, bien sûr !).

Prenez le temps de découvrir le portrait de Pierre Boulez (bien plus nuancé et intéressant que ce que ces préjugés ne véhiculent sur lui) de cet homme à multiples facettes (compositeur, musicien, chef d’orchestre, pédagogue…) sur France Musique.

Pour ma part, j’ai envie de rendre hommage à ses qualités de pédagogue.

Écoutez les 6 premières minutes d’une de ses master-class ci-dessous (mise en ligne par Le Conservatoire de Paris) ; les 2 premières minutes sont la présentation en anglais des ces master-class, puis Boulez et une étudiante interviennent en français). 

Ré-écoutez les premières minutes de cette classe tout en lisant la transcription du dialogue entre professeur et élève.

Transcription du début d’une master-class de Pierre Boulez,

mise en ligne par le Conservatoire de Paris.

Les 2 premières minutes sont consacrées à la présentation en anglais des master-class de chefs d’orchestre. Puis interviennent une étudiante et Pierre Boulez de 1:58 à 6:24 . Ecoutez, lisez et observez! 

L’étudiante :      Bonjour. 3 vent 31, donc !

P.Boulez :          Non, regardez ! Vous avez déjà oublié une chose : qu’est-ce qu’est important ? C’est ça aussi : 1 2 3 4 5 6, ttllpp… Hein ?

L’étudiante :      Mmm… tlllppp

P.Boulez :          Si vous ne faîtes pas ça, ils le feront ! Mais vous ne les encouragez pas à le faire, hein ? Faîtes ça encore une fois… 

Pardon…

L’étudiante : elle recommence

P.Boulez :          Non, regardez ! Vous savez… C’est trop, trop anxieux. C’est 1 2… tin.. c’est une fille qui séduit, elle séduit pas en donnant un coup de poing dedans, hein ? Hein, donc c’est titin…yalalilali…la Seulement ça au départ, pas trop vite.

L’étudiante : elle recommence

P.Boulez :          Oui mais… il faut leur montrer ça. 

L’étudiante :      …oui… j’ai essayé…

P.Boulez :          … oui mais non, vous faîtes ça comme ça, comme si…

L’étudiante :      …c’était pas précis…

P.Boulez :           … vous ramassiez un oeuf qu’est tombé par terre. 1 2 3 4 5 6 tululu..yop ! Comme ça ! Moi, je rammasse l’oeuf ! Allez-y.

L’étudiante : elle recommence

P.Boulez :           Un peu plus tulup…  

L’étudiante :        …ha !

P.Boulez :           Vous voyez ça c’est… un talatitalatatit… 1 2 3 4 5

L’étudiante :        … talatitalatati…

P.Boulez :            Voilà, c’est ça, tranquille… Encore une fois, depuis le début… Allez-y. Il faut que vous soyez beaucoup plus calme que vous ne l’êtes, hein ? Allez-y !

L’étudiante : elle recommence

P.Boulez :            Ah, regardez ! Au début, vous avez cette sonorité de cor, laissez-la un tout petit peu plus long. Faîtes… faîtes ça avec moi une fois.

Un… et là… tuyui… ! Hein ? comme ça ! Prenez des libertés, hein, c’est, c’est.. 

L’étudiante :        ouais…

P.Boulez :          Je pense que… pour moi, en tout cas, je ne prétends pas leur  donner… (surtout dans 3 heures même s’il y a, combien il y a là ? 12 heures en tout), je ne prétends pas leur donner un viatic pour l’existence. Pas du tout ! Je prétends seulement leur donner, disons, conscience de moi, ce que je fais, pourquoi c’est efficace, la plupart du temps. Et qu’ils trouvent leur gestuel et leur efficacité d’après ce que je leur ai montré. C’est-à-dire que je leur apprends à disons, à se découvrir eux-mêmes ; à se découvrir eux-mêmes en me découvrant moi. C’est-à-dire, je leur dis, je ne sais pas si vous aurez remarqué, mais je leur dis : “ne m’imitez pas, trouvez votre geste mais trouvez le geste qui correspond à ce que vous voulez entendre”. Et ça, ca me paraît en effet quelque chose de capital. Parce que le musicien, disons, qui instrumentiste, qui est à son piano ou à la harpe ou à la clarinette peu importe, il fait son propre son, sa propre sonorité, c’est lui qui manoeuvre ses sonorités. Vous, vous êtes toujours indirect, un chef d’orchestre. Vous êtes indirect parce que vous demandez aux autres de formuler un son que vous ne formulez pas directement. Et donc, il faut une assez grande capacité de, disons de, de persuasion psychologique pour que, d’abord que vous n’ayez pas une espèce de résistance qui arrive quelques fois du reste, surtout dans les oeuvres de répertoire (si des musi… si certains instrumentistes ont joué beaucoup de fois une oeuvre de répertoire, ils s’estiment sur un territoire que personne ne doit franchir pratiquement et donc pour le franchir, c’est pas commode toujours, et il faut le faire avec tact bien sûr mais quelque fois avec force aussi. Et donc il y a une  confrontation de volontés, certainement par moments… et c’est, c’est pourquoi, oui… ça s’apprend aussi. Alors on dit aussi qu’on peut apprendre à diriger avec deux painistes qui jouent à 4 mains : c’est faux, parce que ce qu’il y a, bien sûr les problèmes inhérents à la structure elle-même de la sonorité de l’orchestre mais au fait que vous avez 100 personnes devant vous et que 100 personnes, c’est tout à fait différent de 2, tout simplement.

Retrouvez sur ce site des quizz culturels concernant des artistes :