8 anatomical oddities of La grande Odalisque – Ingres
Si vous avez l’occasion d’aller visiter le Musée du Louvre, n’oubliez pas d’aller jusqu’à l’aile Denon, l’allée où sont exposés les grands formats du XIXème siècle de David, Delacroix, Chassériau, Géricault… et Ingres notamment.
Pourquoi je m’arrête sur Ingres et sa grande odalisque ? Parce que la chanson Frisée de La crépue, alias Ngo Sognog, m’a rappelé que, si la société nous impose des dictats sur qui l’on doit être, comment l’on doit se comporter, à quoi l’on doit ressembler, le monde de l’art joue beaucoup et parfois même amplifie ces dictats, et c’est bien dommage car cela ne devrait pas être son rôle ! Je m’explique.
Très vite, l’art va abuser de la notion du beau et du laid ; l’art va devenir une référence esthétique ; c’est l’art qui va formater nos goûts, qui va nous imposer l’idée d’un beau visage, d’un beau corps, d’un visage désagréable, hideux…
Ainsi Michelangelo décidera que la beauté suprême est d’avoir un corps de David, Léonard Da Vinci qu’une femme épanouie ne peut être que douce et apaisée comme l’est Mona Lisa… Au début du XIXème siècle, Ingres décidera même de s’affranchir de toutes contraintes anatomiques (proportions respectées…) pour représenter ce qui lui semble être une femme, un corps… idéal(e). Il va jouer avec l’anatomie humaine pour tout simplement montrer (nous imposer ?) sa vision du beau. Et le beau pour lui doit être un peu étrange, un brin mystérieux…
Regardez de plus près Mademoiselle Rivière, tableau d’Ingres de 1806
1 – des bras bien trop longs
2 – une épaule inexistante
3 – une seconde épaule qui tombe bien trop bas
4 – un cou bien trop long
5 – une joue bien trop plate en comparaison avec l’autre
6 – l’écart entre les yeux n’est pas très réaliste
Ces “étrangetés” ne sont pas de suite visibles car l’arrière plan, la robe, les gants… sont plutôt représentés dans le détail et de façon réaliste, nous nous faisons donc avoir…
Ingres, c’est photoshop avant photoshop ! Il n’a rien à envier aux acteurs du monde de la mode du XXIème siècle, qui effacent ou remodellent d’un coup de pinceau magique toutes les parties du corps de leurs modèles nous faisant presque croire que les défauts n’existent pas dans leur monde ! Et là encore, nous nous faisons avoir, nous maudissant parce que nous ne ressemblons pas à ces modèles (qui en fait n’existent pas…) !
Alors pour être vigilents, pour refuser les dictats de la société ainsi que ceux des artistes, des acteurs du monde de la mode et celui du cinéma (dont ça ne devrait absolument pas être le rôle !), apprenons à observer et prendre de la distance face à ce que l’on nous impose : laissons La crépue avoir les cheveux crépus, les femmes rondes être rondes, les personnes plus âgées avoir des rides et des cheveux blancs… Soyons différents et tolérants !
Voici donc un petit exercice de ré-éducation oculaire : observez La grande odalisque de Ingres, et retrouvez 8 “étrangetés” anatomiques !
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